La symbolique derrière la convocation d’élections législatives anticipées
La symbolique n’a échappé à personne, outre-Manche. Dix-neuf mois après son premier discours plein d’allant devant le 10 Downing Street, Rishi Sunak s’est présenté au même endroit, sous des trombes d’eau, pour annoncer la tenue d’élections législatives anticipées, le jeudi 4 juillet. Cette décision surprenante et soudaine a suscité de nombreuses interrogations et a révélé le désarroi dans lequel se trouve le Premier ministre conservateur. Mais pourquoi prendre un tel risque alors que les sondages prédisent une lourde défaite pour le Parti conservateur ?
Des sondages en chute libre pour le Parti conservateur
L’état des sondages pour les Tories est en effet alarmant. Alors que les élections législatives de 2017 avaient vu le Parti conservateur perdre sa majorité absolue, il était encore en tête des intentions de vote en novembre 2020, malgré une légère baisse. Mais depuis le début de l’année 2021, les choses ont radicalement changé. Les sondages récents placent le Parti conservateur à 21 points derrière le Parti travailliste, une chute spectaculaire qui a poussé Rishi Sunak dans ses derniers retranchements. Mais comment en est-on arrivé là ?
Une gestion de la pandémie critiquée
La décision de Rishi Sunak de convoquer des élections anticipées pourrait s’expliquer par une mauvaise gestion de la pandémie de Covid-19 de la part du gouvernement conservateur. Depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement a enchaîné les erreurs, allant de retards dans la mise en place du premier confinement à des décisions contradictoires en matière de restrictions et de mesures de soutien économique pour les entreprises et les citoyens. Toutes ces erreurs ont sérieusement entaché la réputation du Parti conservateur et de son leader, Boris Johnson.
Une tentative de redorer l’image du Parti conservateur
En annonçant des élections anticipées, Rishi Sunak tente peut-être de redorer l’image du Parti conservateur aux yeux des électeurs. En effet, une campagne électorale est souvent l’occasion pour un parti de présenter un programme et de défendre sa vision pour le pays, espérant ainsi convaincre les indécis et les électeurs déçus par leurs choix précédents. Avec une campagne aussi courte, le Parti conservateur espère peut-être que les électeurs oublient les erreurs passées et se concentrent sur les promesses pour l’avenir.
Un risque calculé pour Rishi Sunak
Une opportunité pour se démarquer
En tant que Chancelier de l’Échiquier et potentiel futur Premier ministre, Rishi Sunak profite peut-être de cette convocation d’élections anticipées pour mettre en avant son propre programme et ses idées, dans l’espoir de se démarquer de ses rivaux au sein du Parti conservateur. Cela pourrait être une opportunité pour lui de montrer qu’il a une vision pour le pays et qu’il est prêt à prendre des décisions difficiles pour le bien de l’économie et de la population.
Une stratégie pour éviter une élection plus tard dans l’année
La décision de convoquer des élections législatives anticipées peut également être vue comme une tentative pour éviter une élection plus tard dans l’année. En effet, le gouvernement conservateur pourrait redouter une baisse encore plus importante dans les sondages et une défaite humiliante lors d’une élection organisée en automne ou en hiver. En convoquant des élections plus tôt, Rishi Sunak et son parti peuvent espérer profiter de l’été, période généralement plus calme en termes d’actualité politique, pour convaincre les électeurs de leur redonner leur confiance.
Un coup de poker risqué pour Rishi Sunak
Un calendrier serré pour une campagne électorale intense
Si la stratégie de Rishi Sunak peut sembler logique, elle comporte de nombreux risques. Tout d’abord, il ne dispose que de six semaines pour convaincre les électeurs de voter pour le Parti conservateur, un calendrier très serré pour mettre en place une campagne électorale efficace. De plus, le court laps de temps impose également des décisions rapides et risque de limiter la profondeur des débats sur des sujets tels que le Brexit, le système de santé ou encore l’économie.
Une élection marquée par la pandémie de Covid-19
L’organisation d’élections en pleine pandémie comporte également son lot de défis. Les risques de contamination lors d’événements électoraux et de campagne sont nombreux, tout comme la difficulté de mobiliser les électeurs et de maintenir l’intérêt pour des enjeux politiques alors que la priorité est avant tout la lutte contre le virus. Le gouvernement prend donc également le risque d’être critiqué pour sa gestion de la situation sanitaire et de la campagne électorale elle-même.
En conclusion
Malgré les risques, Rishi Sunak a choisi de tenter un coup de poker en convoquant des élections législatives anticipées, espérant ainsi renverser la tendance et redorer l’image du Parti conservateur. Si sa décision peut sembler surprenante et risquée, elle révèle également l’état de désarroi dans lequel se trouve le Parti conservateur après une année de gestion de la pandémie de Covid-19 critiquée. Seul l’avenir nous dira si ce coup de poker sera payant pour Rishi Sunak et le gouvernement conservateur.
